Quelle est votre définition du bonheur ?
C’est pouvoir faire ce qu’on a envie d’accomplir, se sentir à sa place et utile pour les autres.
Vous connaissez bien l’Inde, qu’est-ce qui vous attire là-bas?
Aller en Inde c’est faire un voyage vers l’intérieur. Cela m’a permis de me retrouver, de prendre conscience de certaines choses qu’il fallait que je réalise intérieurement. Je sentais également le besoin d’échanger avec les indiens. J’ai rencontré des gens très différents, des êtres vivant dans un total dénuement, dans la rue, d’autres très riches, propriétaires de journaux, des marchands, des paysans, des sans abris souffrant de la lèpre, des veuves sans revenus, des intellectuels, des écrivains, des yogis et des musiciens bien sûr. J’ai vécu le contact avec cette terre de l’Inde comme une expérience très forte. Voir le Gange m’a beaucoup impressionné. Chaque rencontre a été riche d’enseignement.
Vous dites que l’Inde c’est un choc de l’âme ?
Déjà en arrivant à Delhi, l’avion que je devais prendre a été annulé et mes bagages avaient été perdus. Il faut lâcher prise, et tout se solutionne. Développer la patience. J’ai compris qu’il fallait sortir des rails programmés et soudain tout s’est bien passé. Celui qui part dans ce pays avec une conscience bloquée par le rationnel court à la catastrophe. Tout n’est pas si rationnel comme en occident. Rien n'est conforme à notre mentalité et malgrè la pauvreté et la misère, les gens ont un certain détachement. Et bien sûr, j'ai vu des gens vivre dans des conditions très précaires, des conditions qui nous font sentir que l'on peut toujours aider, toujours faire quelque chose, c'est parfois si simple, mais à chaque rencontre j’ai ressenti une conscience différente de ce que nous vivons en occident vis à vis des choses matérielles. Une forme de sagesse. Un indien ne dit pas «ma maison» mais «la maison qui est avec moi ». Cela fait parti de la culture indienne et ça dit beaucoup.
Qu'est-ce que vous aimez dans la culture indienne ?
En Inde j'aime cette conscience spirituelle selon laquelle chaque entité vivante est unique et doit être considérée avec respect. Le regard qu'ils portent sur les animaux me touche profondément. Cette spiritualité jaillit à chaque instant du coeur de chaque indien, car cela fait partie de leur éducation et de leur mentalité. La culture indienne me fait penser à un feu d'artifice avec plein de gerbes qui surgissent en couleurs toutes aussi magiques les unes que les autres.
Vous aimez la cuisine indienne ?
L'art culinaire est sacré en Inde, chaque geste doit être pensé, la préparation de la cuisine est une méditation. Les ingrédients doivent être nobles et végétariens. De beaux fruits, des légumes, des céréales, des produits laitiers. Ces saveurs salées ou sucrées sont tout droit sorties d'un conte de fée. Il y a aussi la philosophie, la musique, le Yoga, l'Ayurveda, le Vastu, beaucoup de trésors à découvrir. La philosophie indienne, profonde et subtile, prend sa source dans les Védas, textes anciens qui racontent avec poésie et lyrisme les faits épiques des devas dans les temps millénaires qui sont riches d'enseignements.
La musique indienne vous inspire-t-elle à créer de nouvelles chansons ?
La musique indienne apaisante mystérieuse, troublante par la sensibilité qui s'en dégage me touche beaucoup. Tous les jours, j'allais régulièrement dans les temples écouter les merveilleux bhajans qui sont des chants accompagnés de tablas, et de sitar. J'y trouvais le calme et la sérénité. Un sentiment étrange de plénitude. Au retour, j'aimais me retrouver dans ma chambre et écrire quelques petites mélodies ou un texte nouveau. Chaque jour était une source d'inspiration pour écrire une nouvelle chanson ou une nouvelle musique.
Quelle chanson est née de ce instants privilégiés ?
Radhey est une chanson que m'ont inspiré mes voyages en Inde. Chose curieuse elle a été écrite en France, comme quoi il y a l'après voyage.
Propos recueillis par Sarah Fascetti
Photos Thierry Ségura